Le premier projet de règlement visant à changer la vocation institutionnelle de l’ancienne synagogue Beth-El, située au 1000, chemin Lucerne, en milieu d’habitation de haute densité est loin de faire l’unanimité. Une pétition réclamant au conseil municipal de Ville Mont-Royal de ne pas aller de l’avant avec cette décision, a récolté plus de 665 signatures depuis son lancement le 12 janvier.

Le conseil municipal de Mont-Royal a adopté à la majorité le projet de règlement 1440-2, juste avant les Fêtes, le 17 décembre dernier, afin de modifier l’affectation institutionnelle de l’ancienne synagogue Beth-El par une affectation d’habitation de haute densité.
Selon le Plan d’urbanisme de la Ville de Mont-Royal, une affectation d’habitation de haute densité est régie par le nombre minimal de 80 logements par hectare et d’un maximum de 150 logements par hectare.
Or, le promoteur SAJO, qui a fait l’acquisition du 1000, chemin Lucerne en novembre 2019, pour 8,1 M$, indique dans sa plus récente proposition que 47 unités sont projetées être construites sur le site, en plus d’un parc de 12 000 pi².
Alexandre Guidea, qui habite tout près de là, affirme que ce dossier « préoccupe » bon nombre de voisins. « Si la zone est définie comme haute densité, cela pourrait permettre au promoteur de construire entre 60 et 114 logements, puisque le site fait 0,76 hectare. Ce qui est démesuré », est-il d’avis.
À l’instar d’Alexandre Guidea, les signataires de la pétition reconnaissent qu’un certain développement résidentiel puisse être envisagé à l’avenir, mais estiment toutefois qu’un projet à haute densité « risquerait d’affecter de façon disproportionnée [leur] collectivité », en « augmentant la circulation, surchargeant l’infrastructure locale et sollicitant excessivement les services essentiels. »
Ils déplorent aussi que « la population n’a pas bénéficié d’une consultation publique suffisante pour examiner des options résidentielles plus modérées ou mixtes, mieux adaptées au caractère établi de la Ville. »
Par conséquent, ils réclament donc que le conseil municipal de Ville Mont-Royal vote « non » au règlement 1440-2 lors de la séance du conseil du 21 janvier, afin « d’éviter l’introduction immédiate d’un usage résidentiel à haute densité au 1000 Lucerne. »
« Une modification majeure »
La conseillère municipale du district n° 8, Sophie Séguin, a indiqué lors de la séance publique du 17 décembre dernier que ce changement d’affectation du sol pour l’immeuble situé au 1000, chemin Lucerne était « une modification majeure » dans la Ville de Mont-Royal.
Il s’agit d’un « projet dans notre mandat, au conseil ici, qui est le plus grand développement depuis 2021 », a-t-elle poursuivi, en tenant à expliquer la raison pour laquelle elle votait pour le projet ce soir-là.
« Je ne suis pas pour la haute densité, aucun résidant ne l’était quasiment en 2021 » [lors de la première proposition du promoteur SAJO], mais « le temps a fait les choses » et « for the record, je veux vous expliquer que le vote aujourd’hui n’est pas référendaire, mais il est nécessaire pour pouvoir passer à la prochaine étape qui, elle, est référendaire. »
« Donc si aujourd’hui je vote pour, c’est parce que je ne peux pas voter contre une haute densité et je veux que l’on passe à la prochaine étape, parce que le statu quo n’est pas acceptable », a-t-elle conclu.
Selon le porte-parole de la Ville de Mont-Royal, Alain Côté, ce projet de règlement adopté en décembre dernier concerne un changement au plan d’urbanisme et la procédure relative à la modification d'un plan d'urbanisme est régie par les articles 109 à 110.3 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (LAU). « En vertu de ces dispositions, toute demande de modification doit suivre les étapes spécifiées dans ces articles, qui ne prévoient pas que cette modification soit susceptible d'approbation référendaire », a-t-il indiqué.
La conseillère municipale indépendante Maryam Kamali Nezhad est la seule à avoir voté contre ce premier projet de règlement, en mentionnant notamment qu’ « il y a toujours une solution, et ce n’est pas la seule solution de changer le plan d’urbanisme. »
Dans un article de La Presse, paru le 14 janvier, le maire de Ville Mont-Royal, Peter Malouf, a pour sa part spécifié que « les logements ne dépasseront pas la hauteur existante de la synagogue qui est là maintenant. »
« On a une forte demande pour des jeunes familles qui veulent rentrer à Ville Mont-Royal. Il faut combler ce problème d’accessibilité », a-t-il également fait savoir.
Selon l’évaluation du patrimoine urbain, réalisée par la Ville de Montréal en 2005, l’ancienne synagogue Beth-El, au même titre que l’Église anglicane St. Peter’s et son presbytère, ainsi que l’Église unie hongroise et l’Église unie Mont-Royal, font partie des immeubles de valeur patrimoniale exceptionnelle à Ville Mont-Royal.
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