Au moment d’écrire ces lignes, 16 candidats sont en lice pour les postes de conseillers, en plus de deux aspirants au poste de maire. La date butoir pour soumettre une candidature étant le 1er octobre, il n’est pas exclu que d’autres candidats s’ajoutent d’ici là.
La lutte s’annonce chaude dans la circonscription Mont-Royal, où il y a une course à la mairie pour la première fois en 12 ans. La dernière remonte à 2009, entre la mairesse Vera Danyluk et l’aspirant maire de l’époque, André Krepec. Le maire Philippe Roy, qui ne sollicite pas de mandat cette année, avait été porté à la mairie par acclamation lors des trois dernières élections.

Deux sièges de plus
Mont-Royal, dont la population a augmenté ces dernières années, est désormais divisée en huit districts électoraux, au lieu de six comme c’était le cas auparavant. Ce qui fait en sorte qu’il n’y aura plus sept, mais bien neuf personnes autour de la table du prochain conseil municipal.
Une course à deux se dessine dans chacun des huit districts de la ville. La lutte se fera essentiellement entre les partis des deux aspirants maires, soit l’avocate de formation et conseillère sortante, Michelle Setlakwe (Unis pour VMR - Équipe Setlakwe) et le parti de l’homme d’affaires Peter Malouf (Équipe Peter Malouf). Un candidat indépendant convoite aussi un poste de conseiller municipal.
Parmi les 18 candidats en lice au moment d’écrire ces lignes se trouvent deux conseillers sortants, ainsi que… 16 nouveaux visages sur la scène municipale. Les femmes sont aussi plus nombreuses dans cette course que les hommes (10 femmes et 8 hommes).
En entrevue avec le journal Station Mont-Royal, le maire Philippe Roy explique que le changement à Ville Mont-Royal est inéluctable, « la ville va changer, qu’on le veuille ou non », dit-il, en référence aux projets qui ont déjà été lancés tels que le Royalmount, le REM, l’éventuel Centre sportif, ou encore le Centre Rockland « qui [n’aura] pas le choix de se réinventer dans les prochaines années », selon lui.
Les questions à débattre sont légion à Ville Mont-Royal. Or, dans notre contexte pandémique, alors qu’il y a péril en la demeure face aux changements climatiques, il sera aussi intéressant de voir comment les deux partis dans la course tireront leur épingle du jeu dans les prochaines semaines à ce propos. La cité-jardin est par ailleurs sur le point d’adopter son nouveau plan de développement durable, version 2021-2025.
Voici notre décryptage des faits saillants de chaque parti.
Unis pour VMR - Équipe Setlakwe
Personne n’est tombé des nues lorsque la conseillère sortante, Michelle Setlakwe, a officiellement annoncé sa candidature à la mairie, au retour du long congé de Pâques, début avril.
« Elle a toujours été vue au sein du conseil municipal comme celle qui allait probablement être la prochaine [à prendre ma relève ]», a répondu Philippe Roy, lorsqu’on lui a posé la question depuis quand il savait que Mme Setlakwe voulait se présenter à la mairie.
« Elle a commencé sa campagne rapidement », a-t-il également laissé savoir, à propos de l’épisode du mois de mai dernier, où elle et le conseiller sortant, Jonathan Lang, qui joue dans la même équipe qu’elle, ont dû être exclus du caucus, en raison de leur réserve à l’égard du volet résidentiel du projet Royalmount.
Hormis le conseiller sortant, Jonathan Lang, les sept autres candidats de son équipe sont tous des nouveaux venus sur la scène municipale.
Mme Setlakwe était aussi un nouveau visage dans le paysage politique monterois avant de devenir conseillère municipale sous la bannière Action Mont-Royal, au lendemain des élections partielles de 2016.
La raison pour laquelle elle se présente à la mairie cette année, « c’est que je me suis dit que, dans le fond, mon rôle de conseillère ce n’était pas assez. Je veux faire ça à temps plein comme mairesse », laisse-t-elle tomber en précisant que cette idée de faire le saut à la mairie lui trotte dans la tête depuis 2019.
Le parti de Mme Setlakwe a été autorisé auprès du Directeur général des élections du Québec le 19 avril dernier. Son équipe était, quant à elle, déjà complète début avril.
Comment améliorer la vie à Ville Mont-Royal?
« Ma priorité, c’est les finances avant tout », affirme-t-elle. Mais l’amélioration des services aux résidants est aussi dans ses cartons.
Elle souhaite notamment apporter une vision plus claire des responsabilités au sein du conseil, mais aussi faire tourner « plus rondement » le CCU et « faire en sorte que les permis [d’urbanisme] sortent plus vite. »
Parmi les défis qui se posent dans la cité-jardin, la cheffe du parti dénote notamment celui du trafic, de la limite de vitesse dans les rues, la sécurité des piétons, et en avant-plan, la gestion des projets de développement qui font les manchettes ces dernières années.
Dans le cas du projet Royalmount, Mme Setlakwe est claire: « pour moi, c’est une affaire de longue haleine, c’est un projet qui s’inscrit dans une vision beaucoup plus globale. »
« Il y a des éléments qui doivent être réglés au niveau du trafic, explique-t-elle, et si le promoteur veut éventuellement obtenir son changement de zonage [pour le volet résidentiel], les résidants devront d’abord se prononcer par voie de référendum à ce sujet. »
Or, « le dossier le plus urgent », si elle est élue, consiste à « enfin pouvoir construire notre Centre sportif et communautaire dont on parle depuis tellement d’années! », s’exclame celle qui a porté la « campagne du Oui», lorsque c’était le temps de voter sur ce projet.
Équipe Peter Malouf
L’aspirant maire Peter Malouf n’a pas d’expérience en politique. Devenir maire d’une municipalité n’a jamais été dans ses plans de carrière. Puis est arrivé un avis dans sa boîte aux lettres, un matin d’automne 2019, qui, vraisemblablement, n’est pas passé comme une lettre à la poste.
Cet avis stipulait que le Réseau express métropolitain (REM) allait procéder à la démolition de deux des trois ponts à Ville Mont-Royal, dont le pont Cornwall, et qu’une importante voie de circulation allait aussi être fermée.
La note indiquait également que la Ville ne pouvait pas faire grand-chose face à la situation, à part avertir les citoyens de planifier leurs déplacements en conséquence.
« Ce n’était pas logique », commente M. Malouf, en entrevue avec Station Mont-Royal. Interpellé par cette planification, ce dernier réussit finalement à faire en sorte que le REM ne démolisse pas les deux ponts en même temps.
Sa pétition rassemblant près de 2000 signatures, et dans laquelle était exposée une liste de solutions pour atténuer le trafic, eût l’effet escompté.
« Moi, je ne suis pas une personne qui me plaint; je suis une personne de solutions », a laissé savoir celui qui s’est également penché sur le dossier du Centre sportif et communautaire. Un projet de construction qu’il qualifie de « trop gros » et de « quelque chose qui n’a pas d’allure. »
Le parti Équipe Peter Malouf est né pour que les citoyens aient « une option » lors du scrutin de novembre. « Notre rôle est d’informer le monde pour leur bien-être et leur qualité de vie », a-t-il indiqué.
La formation politique de M. Malouf a été autorisée auprès du Directeur général des élections du Québec le 9 juillet 2021. Au moment d’écrire ces lignes, son équipe n’était pas complète. Seule la candidature du district no 4 restait à être annoncée.
Comment améliorer la vie à Ville Mont-Royal?
« On a besoin d’un conseil qui est très transparent avec les citoyens, explique-t-il d’emblée. Pour commencer, il faut avoir un plan stratégique de développement urbain à long terme. C’est quoi la densité que l’on peut accepter dans une ville qui est enclavée comme Mont-Royal? », se questionne-t-il tout haut.
« Il y a beaucoup d’enjeux, ici, à Ville Mont-Royal », poursuit-il, en les énumérant en vrac. Les écoles qui débordent, la sécurité dans les rues, la circulation à travers Mont-Royal, les commerçants qui en pâtissent ou encore la préservation des parcs et de la cité-jardin. À ce sujet, il enchaîne sur le fait que la construction du Centre sportif va enlever « toute une section de verdure à Ville Mont-Royal ». « Ville Mont-Royal, c’est une cité-jardin, pas une concrete city », résume cet ancien propriétaire d’un grand centre récréatif multisports. Ce dernier est en faveur du projet, mais pas tel qu’il est planifié à l’heure actuelle.
Au moment de mettre sous presse, l’équipe de Peter Malouf venait d’annoncer qu’elle allait « s’opposer aux logements résidentiels à Royalmount et réévaluer tous les programmes particuliers d’urbanisme (PPU) actuels. »
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