De nombreux sinistrés. Une salle du conseil pleine à craquer. Une période de questions de plus de 3 heures. La séance municipale de Ville Mont-Royal a été le théâtre de vifs échanges mardi soir, au sujet des importantes inondations du 9 août dernier. Le problème est récurrent et les résidants en ont ras-le-bol!
« Nous sommes tous dans le même bateau »
Muni d’un casque-micro et posté à l’avant de la table du conseil, plutôt qu’assis à son siège habituel, le maire de Mont-Royal Peter Malouf a commencé la séance du 20 août en mentionnant: « We are all in this together ».
Comme plusieurs autres municipalités au Québec, Mont-Royal a été frappée de plein fouet par des pluies torrentielles le 9 août dernier. Le passage de la tempête post-tropicale Debby a déversé pas moins de 150 mm de pluie sur Montréal en moins de 24 h, selon Environnement et Changement climatique Canada.
Or, le réseau d'égout unitaire de la Ville de Mont-Royal a encore une fois été dépassé par la quantité d’eau tombée. Et les Monterois sinistrés à répétition n’en peuvent tout simplement plus de se retrouver les pieds dans l’eau et de se sentir laissés à eux-mêmes.
C’est le cas de Sylvie Gonzalez, qui habite sur l’avenue Mitchell depuis 20 ans, et qui a refait trois fois son sous-sol ces dernières années, à cause de refoulements d’égout.
« Vous nous dites que vous avez de la compassion à notre égard, mais ce n’est pas de la compassion que j’ai besoin de vous, c’est d’un plan d’action! », a-t-elle lancé au maire Malouf, suivi d’une salve d’applaudissements du public.
Comme l’ont témoigné plusieurs autres citoyens ce soir-là, Sylvie Gonzalez dit avoir tout fait ce qu’elle pouvait pour protéger sa maison, soit suivre à la lettre les recommandations de la Ville, parler à des experts, faire appel à des compagnies de plomberie… Mais lorsqu’elle a porté plainte à la Ville de Mont-Royal, avec preuve d’experts à l’appui – comme quoi c’est « la Ville qui doit faire quelque chose » –, on lui a répondu que la Ville n’était pas responsable.
« La réponse de la Ville, c’est qu’il s’agit d’un Act of God, et que si je ne suis pas contente: d’aller en cour et de poursuivre la Ville avec des avocats », a-t-elle laissé savoir.
En se tournant vers sa compagnie d’assurance, Sylvie Gonzalez s’est aussi fait dire: « désolée, mais à Ville Mont-Royal, il y a une longue liste de résidences que l’on assure plus ». La Monteroise sinistrée a par la suite contacté d’autres compagnies d’assurance, mais elles refusent également toutes de l’assurer.
Selon le greffier de la Ville de Mont-Royal, Alexandre Verdy, aucun citoyen n’a été indemnisé par la Ville « pour des réclamations d’aqueduc » ces dernières années. « On n’en a pas payé », a-t-il affirmé, en ajoutant « on travaille avec nos assureurs aussi, et on renvoie les réclamations aux assurances. »
Absence d’un plan de gestion de crise
Plusieurs citoyens qui ont pris la parole mardi soir ont déploré le fait que la Ville ait brillé par son absence le 9 août dernier, en déployant aucun plan de mesures d’urgence ni moyens en signe de solidarité.
« Qu’avez-vous fait pour soutenir rapidement vos citoyens? », a demandé une citoyenne au maire Malouf. « Est-ce que le texto que j’ai reçu à 9 h le soir, en moppant mon sous-sol – qui nous rappelait de protéger nos maisons –, faisait partie de vos moyens de communication volontaires? J’espère qu’il était automatique », a-t-elle commenté, « parce que ça a été une insulte très grave à l’ensemble des résidants qui sont ici! »