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Une murale faite notamment de flamboyantes roses peintes, est apparue sur la palissade en contre-plaqué du chantier du REM au centre-ville de Mont-Royal, en septembre dernier. L’oeuvre se veut temporaire, le temps des travaux. Mais les citoyens ont déjà exprimé leur attachement.

« Un symbole fort »
La murale Comme des roses, d’environ 150 pieds de long, est difficile à manquer. Du point de vue de la salle à manger de chez Première Moisson, chemin Canora, elle fait vraiment son effet. «C’est coloré, c’est sûr, et c’est plus agréable de voir ça que des véhicules de chantier», commente Caroline, une employée de la boulangerie.
Entre deux vibrations de marteaux-piqueurs, la muraliste Isabelle Duguay y a mis tout son coeur, pendant deux semaines, l’été dernier, pour réaliser cet oeuvre qui se veut à la fois, historique et émouvante. « Les roses sont un symbole fort de Ville Mont-Royal », dit-elle, faisant notamment référence à la roseraie Pierre-Elliott-Trudeau, datant de 1958, au coeur du Parc Connaught.
Mais Comme des roses, ou We are roses, en anglais, s’inscrit aussi dans le contexte de la pandémie, laisse-t-elle savoir. « On a tous notre beauté et nos couleurs intérieures que l’on veut montrer. » On a beau être tous dans le même bateau en ce moment, on demeure —« comme des roses, tous uniques à notre façon », poétise la Montréalaise de 39 ans, originaire de la Gaspésie.
La marchande de bonheur
L’artiste avait à peine donné quelques coups de pinceaux sur sa murale, que déjà passants et résidants de Ville Mont-Royal l’interpellaient pour parler de la suite des choses. « Les gens me disaient: C’est tellement beau! J’espère qu’ils vont la relocaliser par la suite. D’autres me disaient qu’ils pourraient séparer les tableaux pour les installer dans leurs bureaux respectifs en ville. Bref, il y avait une espèce de désir que ce ne soit pas détruit. Quelqu’un m’a carrément dit: On ne peut pas jeter ça !»
Isabelle Duguay a une maîtrise en éducation artistique de l’Université Concordia. Depuis 2013, elle travaille comme éducatrice chez l’organisme montréalais, MU, dont la mission première est de démocratiser l’art et de léguer aux communautés locales, un véritable « Musée d’art à ciel ouvert ».
Des murales dans le milieu communautaire et scolaire, elle en fait plusieurs dizaines depuis près de dix ans. Elle sait à quel point « l’art fait du bien » et « n’est jamais de trop ». « Quand je termine un projet, je me sens un peu comme une marchande de bonheur, raconte-t-elle. Dans le sens où, si tu prends une photo avant/après la réalisation d’une murale, c’est vraiment hallucinant le contraste. Surtout dans des espaces inusités, comme un chantier de construction! », laisse-t-elle tomber.
MU dans la ville
Comme des roses est la troisième murale à Ville Mont-Royal réalisée en collaboration avec l’organisme MU. La première date de 2015 par Ilana Pichon sur un bâtiment commercial du boulevard Graham. La deuxième est celle de Cécile Gariépy sur le mur du club de curling, en 2018.
Fondé en 2006, par Élizabeth-Ann Doyle et Emmanuelle Hébert, MU recense près de 150 murales à Montréal, dont la plus connue est sans doute celle de Leonard Cohen, rue Crescent. Ce qu’il arrivera de la murale à Ville Mont-Royal après les travaux? « On ne le sait pas, répond Julie Lambert, directrice de production chez MU. Il y a plein de vies possibles, indique-t-elle. On pourrait, par exemple, l’accrocher dans une cour d’école. »
Du côté de la Ville, on laisse plutôt entendre qu’il n’y aura pas de deuxième vie. « La murale survivra ensuite par la photographie », nous a écrit Charles Cyr, chargé de communication à Ville Mont-Royal, par courriel. Les coûts de la murale, une initiative de la Ville, destinée à rehausser l’attrait du centre-ville auprès des résidants pendant des travaux – et une pandémie, se chiffrent à environ 15 000$. La Ville en paie le tiers et les deux tiers restants seront remboursés par NouvLR [le consortium en charge de la réalisation du REM], nous a-t-on indiqué.
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