C’est un grand livre ouvert. Il parle sans gêne et a toujours le mot pour rire. Droit comme un chêne à l’aube de ses 70 printemps, l’homme d’affaires mordu de sport est natif de la cité-jardin. Mais il est aussi un nouveau venu sur la scène municipale. Peter Malouf vient d’obtenir les clés de la mairie. Station Mont-Royal l’a rencontré trois jours après son élection.

Mercredi 10 novembre. Le nouveau maire élu, Peter Malouf, nous reçoit à son domicile de Ville Mont-Royal pour une interview. Il s’agit en fait de l’ancienne maison de ses parents, construite en 1961, sur ce qui était, à l’époque, le terrain de golf de la cité-jardin. « Si l’on creuse dans la terre, on peut sûrement trouver des balles de golf! », s’amuse notre hôte.
L’édile semble frais comme une rose au premier coup d’œil. Mais la vérité, c’est qu’il est « un peu fatigué ». Ça a été une longue campagne électorale? « Oui, et je ne suis jamais allé à l’école pour ça », répond celui qui est titulaire d’un MBA en finances et en économie depuis l’âge de 23 ans.
Pendant sa campagne, M. Malouf a cogné à des milliers de portes, environ 4700 de son propre aveu. Il a arpenté tout un secteur près du chemin de la Côte-de-Liesse dans le but de prendre le pouls de ce pan de la population monteroise, « qui ne vit pas dans des maisons de 2, 3, ou 4 millions de dollars ».
« Ils étaient étonnés de voir quelqu’un qui se présentait à la mairie au seuil de leur porte. J’ai vu des familles de deux, trois enfants, qui cohabitent dans des quatre et demi avec un chien, parfois deux! Ces gens-là n’ont pas de chalet à Tremblant; ils passent leurs fins de semaine ici. Ce qu’ils veulent, c’est une qualité de vie et c’est pourquoi il faut avoir un meilleur quartier sportif à Ville Mont-Royal, une communauté qui répond à leurs besoins. »
La transition
Après une dizaine de minutes d’entrevue, Peter Malouf semble soudainement un peu plus assis sur le bout de sa chaise. Il s’excuse : il doit s’absenter pour répondre à un appel. Sa directrice de campagne et de communication, Cecilia McDonnell, qui l’aide également dans sa transition à ce moment, prend place au salon depuis le début de l’entretien. Elle meuble aussitôt le silence : « Well it’s just been so busy… » et poursuit avec quelques explications.
On comprend entre les lignes que le train n’est pas encore tout à fait sur les rails. Une demande de recomptage plane aujourd’hui au sein du parti Équipe Malouf. Puis en parallèle, il y a aussi le fait qu’un seul conseiller élu de l’équipe adverse l’a contacté, à ce jour, pour faire connaissance.
Il faut savoir que l’ex-maire, Philippe Roy, qui ne soutenait pas M. Malouf, lui a envoyé un texto de félicitations tout de suite après son élection. Or, la dauphine de l’ancien maire, Michelle Setlakwe, qui a mordu la poussière lors du scrutin du 7 novembre, ne l'a pas appelé pour le féliciter, comme le veut la tradition. Néanmoins, nous avons trouvé dans l’édition du 10 novembre du journal local La Poste de Mont-Royal, une intervention où elle souhaite par ailleurs « bonne chance » au nouveau maire et à tous ceux qui ont été élus.
Peter Malouf qui se retrouvera à siéger avec quatre candidats de son équipe, ainsi qu’avec quatre autres élus issus du parti Unis pour VMR - Équipe Setlakwe, croit pour sa part « qu’il ne devrait pas y avoir de lignes de partis en politique municipale. Surtout à Ville Mont-Royal, souligne-t-il, puisque nous sommes un petit village. Tout le monde devrait être là pour un seul but : servir les besoins des citoyens de VMR. »
Un ver d’oreille
Depuis ses débuts en politique, M. Malouf a la chanson Big Yellow Taxi de l’auteure-compositrice-interprète canadienne, Joni Mitchell, datant de 1970, qui lui trotte dans la tête. « They paved paradise / And put up a parking lot / They took all the trees / Put them in a tree museum / And they charged the people / A dollar and a half just to see them.» Ce ver d’oreille qu’il récite de mémoire symbolise « ce que je ne veux pas pour VMR », insiste-t-il, en rappelant que pour cette raison, il veut construire un centre sportif « sans perte d’espace vert ». « Notre communauté est une cité-jardin », rappelle-t-il.
Sa vision des choses
Le nouveau maire, et entrepreneur dans l’âme, qui « pense et travaille à 200 milles à l’heure », selon ses propres mots, souhaite, avant toute chose, avoir un plan d’urbanisme qui va couvrir les 20 prochaines années, afin de décider ce que pourrait être la densité d’une ville enclavée comme Mont-Royal. « Les écoles débordent déjà! », laisse-t-il tomber. Pour ce qui est du Programme particulier d’urbanisme du secteur Rockland, dont les plans préliminaires incluent une résidence pour aînés dans ce quartier, le presque septuagénaire est clair. « Tu ne mets pas une maison pour les aînés sur le bord d’une autoroute. »
Et le volet résidentiel qui pourrait s’ajouter au projet Royalmount? « C’est non », précise celui qui a tiré cette conclusion à la suite de la lecture de rapports d’autres quartiers qui ont une vocation à usage mixte. « Advenant le fait que 5000 résidants pourraient s’ajouter à la population, ces derniers auront droit de vote, pas les industries. Or, si des règlements de changement d’opération ont lieu, ce sera le début de la fin pour les usines », laisse-t-il entendre. « La vérité est que je ne veux pas être sous le feu des projecteurs. Mon intérêt, c’est vraiment de régler des affaires. Je vais vous le dire, s’il y un gars qui va lutter pour VMR, c’est moi!, a conclu le nouveau maire de Mont-Royal, Peter Malouf, qui a officiellement été assermenté le 12 novembre.
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