À 50 ans, Claude Tessier a réalisé un rêve de longue date: retourner sur les bancs d’école pour étudier en art. Voici l’histoire d’une femme au parcours atypique, qui, chaque matin, se livre à sa noble passion, l’aquarelle.
Claude Tessier est née près du square Saint-Louis à Montréal. Fille d’une mère au foyer et d’un père acheteur de viande pour une chaîne de supermarchés, elle raconte que sa soeur a fait de la danse à un moment donné; et son frère, de la photo. « Mais je ne sais pas d’où on a pris ça », se questionne-t-elle tout haut à propos de leur fibre artistique.
Peut-être est-ce l’esprit bohème du quartier de son enfance, pourrait-on penser. Les poètes Émile Nelligan, Gérald Godin ou encore la chanteuse Pauline Julien, ne sont qu’un bref aperçu des artistes qui y ont résidé.
Or, au bout de 52 ans à Ville Mont-Royal, dont 48 ans dans sa grande maison ensoleillée où elle nous accueille en ce début du mois de mars, Claude Tessier est certainement très ancrée dans sa communauté. Elle est par ailleurs membre fondatrice de l’association ArtTram (Table Ronde sur l’Art de Mont-Royal), fondée en 2000. Mais ses passions, elles, ne prennent pas forcément racine. « Moi j’ai des passions qui durent sept ans », s’amuse-t-elle. « Après ça, je change. J’aime essayer de nouvelles choses. »
En effet, sa feuille de route le confirme. De ses études pour être professeure au primaire — domaine dans lequel elle n’a jamais travaillé, « ce n’était pas pour moi », confie-t-elle, elle a ensuite travaillé comme secrétaire juridique, pour ensuite devenir mère de jumeaux, professeure de tissage, et finalement adjointe à l’administration à l’agence immobilière Royal LePage de Ville Mont-Royal.
Retour à l’école
Dans son coin atelier, tout baigné de lumière, Claude Tessier peint tous les matins, pendant une heure. Avant, l’acrylique la fascinait. Mais depuis cinq ans, c’est l’aquarelle qui l’habite. Si elle demeure fidèle à elle-même, on lui annonce qu’il ne lui reste que deux ans à tremper ses pinceaux dans la peinture à l’eau. Elle rit. Et puis elle pointe du doigt son diplôme en Art History and Studio Art de l’Université Concordia accroché au mur. « Ça m’a pris dix ans faire mon bac parce que je voulais en profiter, et vraiment étudier les choses à fond », dira-t-elle.
Son intérêt pour l’histoire de l’art se traduit de surcroît par sa collection de livres. « Je dois avoir près de 500 livres d’art ! », laisse-t-elle tomber avant que Pierre, son mari, vienne s’enquérir de « sa majesté ». Sa majesté ? Pierre parle en fait de Mishka, un bébé caniche de six mois. « Avant de l’avoir, je peignais beaucoup plus », fait remarquer Claude, en précisant qu’elle a une boîte pleine d’aquarelles au sous-sol, « et regardez-là, j’en ai encore une pile », indique-t-elle du regard.
Quand on lui demande si ses professeurs illustres à l’université ont eu une certaine influence sur son art. Pas à première vue, précise-t-elle, en expliquant que « c’était un peu bizarre » dans les cours de peinture. « Ce n’était pas des cours. Il n’y avait pas d’explications… les professeurs ne faisaient que se promener dans la salle. » Mais elle se rappelle que le célèbre peintre abstrait, Guido Molinari, « disait toujours: ne t’occupe pas des autres. Laisse-toi aller. Vas-y, vas-y. Peins! Peins!
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