Alors que la campagne municipale bat son plein, le journal Station Mont-Royal a cherché à savoir pourquoi il n’y a pas de débat électoral en vue entre les deux candidats à la mairie de la cité-jardin.

Depuis pratiquement toujours, à tous les quatre ans, c’est l'Association municipale de Mont-Royal (AMMR), un organisme sans but lucratif, vieux de 90 ans, qui prend en charge la tenue d’un « débat politique » lors des élections dans la cité-jardin. Débat est un grand mot en fait. Puisque, comme le souligne son président, Allen Feldman, la formule utilisée par l’AMMR ces dernières décennies, était plutôt une « rencontre avec tous les candidats », où chacun se présente, sans confronter ses idées.
Le maire Philippe Roy, qui ne sollicite pas de mandat cette année, a été porté à la mairie par acclamation lors des trois dernières élections. Résultat? Il y a une course à la mairie pour la première fois en 12 ans à Ville Mont-Royal. Malgré cela, l’association a tout de même décidé de ne pas aller de l’avant avec l’organisation d'une quelconque rencontre cet automne, en raison de la pandémie. « C’est illégal de faire une telle rencontre et dangereux pour nos aînés », a justifié M. Feldman.
Des arguments discutables
Selon nos informations, les agents officiels des deux partis dans la course souhaitaient, quant à eux, tenir un débat. Il y a quelques jours, ils ont donc demandé à la Ville s’ils pouvaient emprunter la salle Schofield à l’hôtel de ville, comme l’AMMR l’a toujours fait dans le passé pour les rencontres avec les candidats. Mais la directrice générale de Ville Mont-Royal, Ava Couch, a refusé en bloc leur demande, en étayant une liste de raisons dont la plupart ne tiennent pas la route. Selon elle, si l’événement a lieu dans un bâtiment municipal, les 21 candidats en lice devaient faire partie du débat— et pas seulement les deux aspirants maires. Or, la Ville ne possède pas 21 micros à mettre à leur disposition et les micros ne peuvent pas être partagés, a-t-elle argué.
Existe-t-il vraiment un règlement qui stipule que tous les candidats en lice doivent être présents lors d’un débat entre les murs de l’hôtel de Ville? La réponse est non, selon Alain Côté, responsable des communications de la Ville. Mais « par souci d’équité et de démocratie », les trois candidats indépendants dans la course « devraient aussi pouvoir participer [au débat] », a-t-il indiqué.
Des choix discrétionnaires
Comme autres arguments pour refuser ce débat, la Ville a également mentionné que le maximum de personnes dans la salle était limité à 50, et qu’elle n’a pas de plexiglass pour assurer la distanciation et la protection des candidats.
La capacité d’accueil de la salle Schofield est de 450 personnes. Est-ce un choix discrétionnaire de la part de la Ville de limiter le nombre de participants à 50? « La décision a été prise à la suite de la réception du rapport quotidien que la Ville reçoit de l'Organisation de sécurité civile de l'agglomération de Montréal (OSCAM) », a répondu M. Côté. « Montréal s’assure d’appliquer les directives émises par la Santé publique et n'impose pas de mesures additionnelles », a affirmé l’OSCAM par courriel. Or, les règles à suivre pour tenir un débat dans une salle, selon la Santé publique, sont les mêmes que celles qui s’appliquent aux salles de spectacle.
Depuis le 8 octobre 2021, « il n’y a plus de limite de spectateurs », a confirmé Marjorie Larouche, relationniste au ministère de la Santé et des Services sociaux. Les règles à suivre sont les suivantes, a-t-elle énuméré par courriel: « présenter un passeport vaccinal; les personnes doivent demeurer assises en tout temps; le port du masque est obligatoire; la distanciation n’est plus requise entre les personnes; et les micros doivent être désinfectés entre les interventions. »
Dans le cadre de cet article, la directrice générale de Ville Mont-Royal, Ava Couch, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.
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