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Suite à la lettre ouverte « Le PPU Rockland, inacceptable », publié sur le journal Station Mont-Royal, voici un article portant sur la requalification du Centre Rockland et de nombreux autres édifices commerciaux de Montréal.
Alors que la pandémie de Covid-19 reprend de la vigueur et que le télétravail est plus populaire que jamais, les immeubles à bureaux et les centres d’achats de plusieurs villes nord-américaines sont désertés. Le taux d’inoccupation des édifices commerciaux dans les grandes villes du Canada et des États-Unis n’a jamais été aussi élevé, atteignant plus de 30% dans certains cas.
Non seulement les travailleurs désertent-ils les centres-villes depuis le début de cette pandémie, mais de plus en plus de personnes vivant dans les grandes villes choisissent d’aller habiter dans des municipalités plus petites ou rurales. À titre d’exemple, Manhattan comptait 15 000 appartements vides en août dernier, un nouveau record ! Plus étonnant encore, de nombreux promoteurs et constructeurs immobiliers continuent de construire des bâtiments commerciaux. Mais qui donc occupera ces gratte-ciels ?
D’autre part, suite à la fermeture de plusieurs grandes chaînes de magasins, on songe à démolir certains centres d’achats en tout ou en partie, comme c’est le cas notamment pour le Centre Rockland situé dans ville de Mont-Royal. Ne serait-il pas moins onéreux et nettement plus écologique de conserver et de rénover de tels bâtiments afin de les requalifier ?
Une formidable idée pourrait permettre aux tours à bureaux et aux centres d’achats de gagner une nouvelle vocation : les convertir en fermes urbaines ! Des appartements et condos pourraient également être créés dans ces tours et centres d’achats tout en y conservant divers commerces essentiels (épiceries, pharmacies, restos, etc.). De plus, dans un centre d’achat, il est possible que les portes des condos donnent sur un magnifique atrium intérieur planté de multiples végétaux.
La culture intérieure plus productive que la culture en serre
La culture de légumes ne doit pas obligatoirement se faire à l’extérieur, en pleine terre, ou sous des serres. Il est tout à fait possible de pratiquer l’agriculture urbaine à grande échelle à l’intérieur de bâtiments, sans même qu’il y ait de fenêtres pour laisser pénétrer les rayons du soleil. Bien évidemment, il faut modifier l’enveloppe intérieure des édifices afin de l’imperméabiliser et la rendre inattaquable par les moisissures et également porter une attention particulière à la ventilation. De plus, il est nécessaire d’équiper les salles de culture de systèmes d’éclairage DEL spécialement conçus pour la culture des végétaux.
Toutefois, bien qu’il faille effectuer des aménagements importants à l’intérieur des bâtiments dans lesquels on souhaite construire des fermes urbaines, il en demeure pas moins que leur productivité est nettement supérieure à celle des cultures sous serres. À l’intérieur d’un bâtiment il est possible d’étager les cultures et de multiplier la surface cultivable, ce qui n’est pas possible dans une serre sans empêcher les plantes du dessous de recevoir les rayons du soleil. On estime qu’une ferme urbaine intérieure peut produire jusqu’à huit fois plus de nourriture au mètre carré qu’une serre. De plus, s’il est bien isolé, un bâtiment existant est nettement moins onéreux à chauffer qu’une serre en verre.
Des fermes urbaines intérieures récemment ouvertes
La plus grande ferme urbaine intérieure d’Amérique du Nord est située à Newark, au New Jersey. AeroFarms est installée dans un édifice qui abritait une ancienne aciérie transformée en une ferme urbaine. Cette ferme utilise 95 % moins d’eau qu’une ferme conventionnelle et permet d’obtenir une trentaine de récoltes de légumes-feuilles par année pour chaque mètre carré de culture.
Un autre projet de ferme urbaine appelé Pasona Urban Farm a vu le jour il y a quelques années dans la ville de Tokyo au Japon. Il s’agit en fait d’un édifice de 9 étages appartenant à l’entreprise Pasona Group dans lequel sont cultivées des plantes comestibles. L’enveloppe et la superstructure existantes du bâtiment, âgé de 50 ans, ont été conservées lors des rénovations.
Ce projet de rénovation d’envergure comprend une façade verte, des bureaux, un auditorium, des cafétérias, un jardin sur le toit et surtout, des installations agricoles urbaines intégrées à l’intérieur du bâtiment.
L'espace consacré aux cultures totalise plus de 43 000 pieds carrés avec 200 espèces cultivées dont des fruits, des légumes et du riz qui sont récoltés, préparés et servis dans les cafétérias du bâtiment. Pasona Urban Farm est le projet d’agriculture urbaine de la ferme à la table le plus important jamais réalisé dans un immeuble à bureaux au Japon.
D’autre part, plusieurs dizaines de jeunes entreprises en agriculture urbaine intérieure ont été fondées ces dernières années. C’est le cas nottament de la startup allemande Infarm, une firme spécialisée dans la conversion d’immeubles désafectés en fermes urbaines promise à un brillant avenir.
Mentionnons aussi la firme d’agriculture urbaine Plenty, basée en Californie, qui vient de lever récemment un financement de plus de 200 milions en partie fourni par Jeff Bezos, président d’Amazon.
De la nourriture produite localement
Avec l’étalement urbain effréné, les aliments servant à nourrir les citadins doivent être produits toujours plus loin, à des centaines, voire des milliers de kilomètres de distance de l’endroit où ils sont consommés.
Les aliments doivent être transportés jusque dans les villes par avion, par train ou par camion, générant ainsi d’importantes quantités de polluants et de gaz à effet de serre. La nourriture qui compose une assiette canadienne typique doit être transportée en moyenne sur 3 000 kilomètres avant d’être mangée.
Le transport et l’entreposage de la nourriture oblige également les agriculteurs à cultiver des variétés de fruits et de légumes fermes, contenant peu de jus et dont la pelure est très épaisse, capables de supporter les manipulations fréquentes, les chocs et les écarts de température.
De plus, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture estime que 45 % de tous les fruits et légumes produits sur le globe sont perdus ou jetés avant d’avoir pu être mangés, et cela, en partie à cause du transport et de la manutention des aliments.
Dans ce contexte, la création de fermes urbaines intérieures dans des édifices s’avère être idée formidable, particulièrement si la nourriture est vendue sur place aux citoyens des environs et si les habitants des lieux s’impliquent dans la gestion de ces entreprises.
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